Diamniadiou se profile comme une solution prometteuse pour désengorger la métropole de Dakar, qui abrite actuellement plus de 3 millions d’habitants.
2015 – La transformation des terres jadis occupées par les champs de gombo et les baobabs en une ville moderne à Diamniadio, située à 35 km de Dakar, la capitale du Sénégal, est un phénomène remarquable. En moins de dix ans, une multitude de nouvelles infrastructures ont vu le jour sur ces 2 000 hectares, comprenant un stade imposant, une université, des bâtiments ministériels, une cité résidentielle, un hôtel et un centre de conférence. Cette expansion rapide a été accompagnée par la mise en place d’un train express reliant Diamniadio à Dakar, renforçant ainsi la connectivité de la région.
Elle vise à accueillir à terme environ 350 000 résidents. Avec son centre d’affaires, ses hôtels, ses universités, ses hôpitaux et ses quartiers résidentiels, Diamniadio se présente comme un projet ambitieux et novateur.
Pour éviter que Diamniadio ne devienne une simple juxtaposition de services isolés les uns des autres, les concepteurs ont opté pour une approche intégrée en prévoyant la construction de plus de 40 000 logements de différents standing. Cette diversité vise à favoriser une mixité sociale et fonctionnelle au sein de la ville, afin de créer un tissu urbain dynamique et équilibré.
Seydou Sy Sall, délégué général à la promotion des pôles urbains de Diamniadio et du Lac-Rose, souligne l’importance de structurer la ville autour de la fonction du travail, en combinant habilement les activités génératrices de richesse et d’emploi avec la fonction résidentielle. Cette approche vise à éviter le piège de la cité-dortoir en favorisant un environnement urbain vivant et diversifié. Les premières habitations devraient voir le jour dès septembre 2018, marquant ainsi le début d’une nouvelle ère pour Diamniadio.
En parallèle, Diamniadio bénéficie d’infrastructures de transport modernes, telles que l’autoroute à péage reliant Dakar à Diamniadio et le Train express régional (TER) électrifié, qui desservira la ville nouvelle et son aéroport. Ces projets de transport en commun constituent des éléments clés pour assurer la connectivité et la mobilité des habitants et des visiteurs de Diamniadio.
Le financement de la construction des immeubles et des infrastructures à Diamniadio repose largement sur des partenariats public-privé, où l’État sénégalais a collaboré avec des promoteurs immobiliers pour concrétiser ces projets.
2023 – Sortie de terre dès 2015 pour désengorger Dakar, la cité moderne prévoit d’accueillir 350 000 habitants d’ici à 2035. Cette transformation rapide de Diamniadio reflète la vision ambitieuse du Sénégal…
Mais les 1 500 personnes déjà installées sont raccordées à des fosses septiques. La Délégation générale de la promotion des pôles urbains (DGPU), chargée de chapeauter la construction de la ville nouvelle, se veut rassurante : non seulement les travaux avancent, mais certains raccordements sont prêts depuis janvier 2023. L’université est déjà reliée. Aux opérateurs de faire les démarches pour rejoindre le système d’assainissement du nouveau pôle urbain. Et payer leur raccordement.
Mais la mise en place d’une station d’épuration sous-dimensionnée à Diamniadio est un défi majeur qui nécessite une attention immédiate. Selon les informations fournies par Mamadou Faye, coordonnateur des voiries et réseaux divers de la DGPU, la première phase des travaux a déjà été réalisée avec succès, comprenant la pose de plus de 11 km de canalisations. Cette étape a été financée par les banques à hauteur de 140 milliards de francs CFA (213 millions d’euros). Cependant, la DGPU aspire à obtenir un financement supplémentaire de 660 milliards de francs CFA (1,2 milliard d’euros). « Cela prend du temps, parce que la ville est conçue pour 350 000 habitants et qu’on souhaite créer un assainissement durable qui respecte les normes environnementales, avec des matériaux adaptés au sol argileux de Diamniadio et capables de résister plus de cent ans. »
Les préoccupations concernant les fosses septiques provisoires à Diamniadio sont légitimes, selon l’urbaniste Daouda Thiandoum. En effet, le sol argileux et la proximité de la nappe phréatique augmentent le risque de pollution des eaux souterraines et des sols en cas de fuite ou de débordement. Il est donc essentiel que les promoteurs prennent des mesures adéquates pour éviter tout impact environnemental négatif. Daouda Thiandoum met en garde contre les conséquences potentiellement graves de cette situation et encourage une approche plus responsable dans la gestion des installations sanitaires temporaires.
D’autre part, Les experts expriment une préoccupation concernant l’inclusion des villages et des communes environnantes dans le projet de la ville nouvelle. Ils soulignent l’importance d’éviter que cette nouvelle ville ne soit isolée et déconnectée de son environnement immédiat. Il est crucial d’assurer une continuité territoriale afin que les populations locales puissent s’approprier le projet. Actuellement, ces populations semblent plutôt méfiantes, ce qui soulève des inquiétudes.
Daouda Thiandoum, résidant lui-même dans la commune de Bargny, à moins de 10 km de Diamniadio, déplore l’absence d’un réseau d’assainissement dans sa région. Il souligne l’importance de garantir l’égalité et l’équité, tout comme le souligne Fatimata Sall. Les habitants des villages environnants doivent bénéficier des mêmes droits et des mêmes services que les nouveaux citoyens urbains.
Il est donc essentiel de prendre en compte les besoins et les préoccupations des populations locales dans le développement de la ville nouvelle. Une approche inclusive et participative est nécessaire pour garantir le succès et la durabilité de ce projet d’envergure.
La Direction Générale de l’Urbanisme et de la Programmation des Grands Projets (DGUP) s’engage à prendre en considération un point crucial : l’investissement de 1,5 milliard de francs CFA dans la commune de Diamniadio et à Bambilor pour l’amélioration des infrastructures routières et de l’assainissement. Mamadou Faye promet de poursuivre ces efforts dans les autres communes également.
Enfin, la question de la gouvernance pour le suivi et l’entretien de ces améliorations se pose, notamment en ce qui concerne le statut du nouveau pôle urbain de Diamniadio qui reste encore indéterminé. Est-il sous la responsabilité de la municipalité, du district ou du département ? L’identité de cette ville nouvelle, son développement et son avenir demeurent encore flous.
Il est essentiel de définir rapidement le cadre de gouvernance de ce nouveau pôle urbain afin d’assurer sa pérennité et son développement harmonieux. La collaboration entre les différentes instances gouvernementales et la participation des citoyens seront essentielles pour définir le visage et le futur de Diamniadio. Avec sa vision intégrée, sa mixité sociale et fonctionnelle, et ses infrastructures modernes, Diamniadio veut se positionner comme un pôle urbain d’avenir, prêt à redonner un nouvel élan à la région de Dakar et à contribuer à la croissance et à la prospérité du Sénégal dans son ensemble.
Un rêve, un pari, une réalité ?
Jean Marc Digbeu