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18 juin 1994 Le convoi qui sauve

18 juin 1994 Le convoi qui sauve

l’auteure, âgée de 15 ans, et sa mère sont sauvées par un convoi humanitaire suisse pendant le génocide des Tutsi au Rwanda.

Le convoi était officiellement réservé aux enfants de moins de 12 ans. L’auteure tente de retrouver les témoins et acteurs (journalistes, humanitaires et rescapés). Elle interroge la valeur des traces, la mémoire plurielle et l’écriture de soi. Sauvée du génocide alors qu’elle était enfant, la Rwandaise retrace l’enquête qui lui a permis de retrouver ses compagnons d’exil. Un témoignage précieux, captivant et bouleversant.

En 1994, au Rwanda, nombre d’enfants tutsi n’avaient qu’un seul choix: la fuite ou la mort

Du 7 avril au 17 juillet 1994, en l’espace de trois mois, on estime que huit cent mille habitants du Rwanda, hommes, femmes et enfants, en très grande majorité des Tutsi, ont été assassinés par des tueurs hutu.

En 1994, le Rwanda a été le théâtre d’un des pires génocides du XXe siècle. Pendant plusieurs mois, la communauté tutsie, minoritaire dans le pays, a été la cible d’une campagne meurtrière orchestrée par les extrémistes hutus au pouvoir. Face à cette violence aveugle, les enfants tutsi n’ont eu d’autre choix que la fuite ou la mort.

La situation des enfants dans ce conflit ethnique était particulièrement tragique. Innocents et vulnérables, ils ont été entraînés malgré eux dans cette spirale de haine et de destruction. Nombreux sont ceux qui ont été sauvagement massacrés, victimes collatérales de ce conflit fratricide. Ceux qui ont pu échapper aux tueries se sont retrouvés brutalement orphelins, contraints de fuir leur pays pour sauver leur vie.

Les témoignages de rescapés révèlent l’ampleur du traumatisme subi par ces jeunes âmes. Témoins impuissants de l’extermination de leurs proches, forcés d’errer sans abri et sans ressources, les enfants tutsi ont été confrontés à une épreuve indicible. Leur seul espoir résidait dans la fuite, quitte à abandonner tout ce qu’ils connaissaient pour se réfugier dans des camps surpeuplés, où ils devaient affronter de nouvelles menaces.

Ce génocide a laissé des séquelles profondes dans la société rwandaise, en particulier chez les plus jeunes. Des années après les événements, de nombreux enfants tutsi rescapés restent marqués par les traumatismes de cette période. Reconstruire leur vie et leur identité a été un défi de tous les jours, dans un pays encore traversé par les cicatrices de cette tragédie.

Au-delà de l’horreur du génocide rwandais, le sort des enfants tutsi incarne l’indicible souffrance des innocents pris dans la tourmente des conflits ethniques. Leur histoire est un rappel glaçant de l’urgence de promouvoir la paix, le dialogue et le respect mutuel pour éviter que de telles atrocités ne se reproduisent.

À ce crime de masse, qualifié de génocide par la justice internationale, ont échappé les mille enfants exfiltrés du pays lors de quelques convois humanitaires organisés par l’ONG suisse Terre des hommes. Une poignée de camions chargés d’enfants traumatisés, roulant vers la frontière entre le Rwanda et le Burundi.

Beata Umubyeyi Mairesse : Une Survivante du Génocide Rwandais, Témoin de l’Espoir et de la Solidarité

Dans un monde trop souvent marqué par la violence et la cruauté, certaines histoires se dressent comme des phares d’humanité, rappelant que même dans les pires moments, la bonté et la compassion peuvent triompher. C’est l’histoire de Beata Umubyeyi Mairesse, une survivante du génocide des Tutsi au Rwanda, qui a décidé de partager son témoignage poignant et de retracer les circonstances de son sauvetage, à l’âge de 15 ans, par le biais d’un convoi humanitaire.

À travers son ouvrage « Le Convoi », Beata Umubyeyi Mairesse nous plonge dans un récit intense et réfléchi, où elle s’attache à restituer toute la complexité des événements et des acteurs qui ont permis son salut. Loin de se contenter d’un simple témoignage, elle entreprend une véritable quête d’images, de mémoire et d’identité, soucieuse de révéler les « délicates solidarités » qui ont façonné son parcours.

Avec une admirable exigence, l’autrice s’efforce de dégager l’histoire du génocide de son appropriation occidentale, ouvrant ainsi le lieu de la narration aux femmes et aux hommes qui en sont les véritables sujets. Son témoignage puise sa force dans ceux à qui il s’adresse, en particulier les adolescents, auxquels elle souhaite transmettre non seulement des images et une mémoire, mais aussi l’engagement, la conviction et la vigueur qui l’animent.

Au-delà de la seule évocation du génocide, le récit de Beata Umubyeyi Mairesse se fait le porteur d’un message d’espoir et de solidarité. À travers les conditions de son sauvetage, elle nous rappelle que même dans les moments les plus sombres, la générosité et l’entraide peuvent triompher. Son témoignage devient ainsi un appel vibrant à la conscience collective, invitant chacun à s’engager pour construire un monde plus juste et plus humain.

Avec une plume aussi intense que réfléchie, Beata Umubyeyi Mairesse nous offre bien plus qu’un simple récit de vie. C’est un voyage au cœur de l’humanité, où la lumière perce les ténèbres, où la mémoire devient source d’engagement, et où la transmission d’une histoire singulière se mue en un message universel de résilience et de fraternité. Son témoignage, lucide et poignant, se dresse comme un phare dans la nuit, guidant nos pas vers un avenir meilleur, où la dignité de chacun serait enfin reconnue et célébrée.

« Il aura fallu quinze ans de cheminement incertain, une enquête menée aux confins de mémoires étiolées, pour retrouver une image sur laquelle j’espérais figurer, puis pour chercher mes compagnons de fuite. Quinze ans pour m’autoriser enfin à écrire cette histoire. La mienne et à travers elle, car il s’agit bien de me réinscrire dans un collectif, la nôtre, l’histoire des enfants des convois. »

Quatrième de couverture: Le convoi

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.

Treize ans après les faits, elle entre en contact avec l’équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l’Italie et l’Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes.

Le génocide des Tutsi, comme d’autres faits historiques africains, a été principalement raconté au monde à travers des images et des interprétations occidentales, faisant parfois des victimes les figurants de leur propre histoire. Nourri de réflexions sur l’acte de témoigner et la valeur des traces, entre recherche d’archives et écriture de soi, Le convoi est un livre sobre et bouleversant : il offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Biographie

Beata Umubyeyi Mairesse est née à Butare, au Rwanda, en 1979. Elle arrive en France en 1994 après avoir survécu au génocide des Tutsi. Son premier roman, Tous tes enfants dispersés (Autrement, 2019 ; J’ai lu, 2021), a reçu le Prix des cinq continents de la Francophonie, et Consolée, son deuxième livre (Autrement, 2022 ; J’ai lu, 2024), le prix Kourouma.

Gérard Flamme