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le « Mille Collines » (Rwanda), hôtel de luxe aux murs chargés d’histoire

le « Mille Collines » (Rwanda), hôtel de luxe aux murs chargés d’histoire

Il fut l’un des premiers établissements quatre étoiles du Rwanda avant de devenir le refuge de 1 268 personnes durant le génocide. Depuis 2001, les groupes se succèdent à sa tête pour tenter de rivaliser avec les nouveaux concurrents.

« Les nantis avaient leurs chambres, les ministres avaient leurs gardes, la plupart des gens dormaient dans les corridors ou les salles de conférences. Rusesabagina, lui, buvait des coups avec les miliciens et exigeait que l’on paie les chambres », assure l’un des anciens locataires. Des accusations que l’ex-directeur a niées à plusieurs reprises. Alors que les massacres s’intensifiaient à l’extérieur, les miliciens en profitaient pour rafler les personnes prenant la route de l’hôtel. À l’intérieur du quatre-étoiles, la survie s’organisait.

L’hôtel des Mille Collines, situé au Rwanda, a une histoire riche et complexe qui le distingue des autres établissements de la région. D’abord connu comme l’un des premiers établissements quatre étoiles du pays, il a ensuite acquis une renommée mondiale en tant que refuge pour 1 268 personnes pendant le génocide qui a secoué le pays. Depuis sa réouverture en 1994, l’hôtel a vu défiler de nombreux propriétaires et a dû faire face à une concurrence croissante sur le marché hôtelier de la capitale rwandaise.

L’histoire de l’hôtel des Mille Collines a inspiré le film « Hôtel Rwanda », sorti en 2004, qui met en lumière le rôle controversé de Paul Rusesabagina, le directeur de l’établissement pendant le génocide. Alors que des milliers de personnes étaient massacrées à l’extérieur de l’hôtel, Rusesabagina a ouvert ses portes à des réfugiés, tant Tutsis que Hutus opposés au régime en place. Certains anciens résidents témoignent des conditions difficiles à l’intérieur de l’hôtel, où la survie était une lutte quotidienne.

Après la fin du génocide, l’hôtel des Mille Collines a dû fermer temporairement pour des opérations de nettoyage avant de rouvrir ses portes en septembre 1994. Le groupe belge Sabena, propriétaire historique de l’établissement, a été mis en liquidation en 2001, et l’hôtel a été cédé à des investisseurs sud-africains et rwandais. La famille Rwayitare, notamment connue pour ses activités dans les télécommunications en Afrique, a également acquis une part de l’établissement.

Au fil des années, l’hôtel des Mille Collines a subi des rénovations et des changements de gestionnaires, cherchant à s’adapter à un marché hôtelier de plus en plus concurrentiel à Kigali. Des établissements de renom tels que le Marriott, le Radisson et l’Ubumwe Grande Hotel ont ouvert leurs portes dans la capitale, offrant une concurrence féroce à l’hôtel des Mille Collines.

Malgré cette concurrence, l’hôtel des Mille Collines conserve une place spéciale dans le cœur des habitants et des visiteurs de Kigali. Son histoire mouvementée et son rôle pendant le génocide en font un lieu chargé de mémoire et de symbolisme pour de nombreuses personnes. Chaque vendredi soir, des résidents comme Gasamagera Wellars se rendent à l’hôtel pour profiter de la musique live et de l’ambiance unique qui règne autour de la piscine. « L’offre hôtelière s’est diversifiée, dit-il, mais on se retrouve toujours ici. C’est comme si l’hôtel était devenu pour nous un lieu de thérapie. »

En conclusion, l’hôtel des Mille Collines incarne à la fois l’histoire tourmentée du Rwanda et la résilience de son peuple. Malgré les défis et les changements, cet établissement emblématique continue d’être un lieu de rencontre, de mémoire et de célébration dans la capitale rwandaise.


Un héros controversé

Paul Rusesabagina, le directeur de l’Hôtel des Mille Collines pendant le génocide au Rwanda, est un personnage qui divise l’opinion. Sa transformation en héros hollywoodien, immortalisée dans le film « Hôtel Rwanda » réalisé par Terry George en 2004 et interprété par Don Cheadle, soulève des questions sur la vérité de son rôle pendant cette période sombre de l’histoire rwandaise.

Rusesabagina a pris les rênes de l’Hôtel des Mille Collines en 1984, où il est resté neuf ans avant de rejoindre l’équipe de l’Hôtel des Diplomates en 1993. Lorsque les massacres ont commencé en avril 1994, le directeur néerlandais de l’hôtel a été évacué, laissant Rusesabagina aux commandes alors que les réfugiés affluaient. C’est à ce moment que les interprétations de son rôle divergent.

Le film « Hôtel Rwanda » présente Rusesabagina comme un héros, un sauveur calme et stratégique qui aurait sauvé la vie de plus de 1 200 personnes. Cependant, cette représentation est contestée par certains anciens clients de l’hôtel, qui voient en lui un opportuniste ou même un traître. Bernard Makuza, actuel président du Sénat rwandais, remet en question le rôle de Rusesabagina dans leur survie, soulignant que sa contribution a été exagérée.

En plus de ces critiques, Rusesabagina est également critiqué pour ses liens présumés avec des mouvements rebelles basés au Congo, notamment les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Ces liens soulèvent des inquiétudes quant à ses motivations et à son engagement pendant cette période tumultueuse.

La controverse entourant Paul Rusesabagina met en lumière les complexités de la nature humaine et de l’héroïsme. Il est difficile de juger avec certitude les actions et les motivations d’une personne dans des circonstances aussi extrêmes. La vérité sur le rôle de Rusesabagina pendant le génocide rwandais reste sujette à interprétation et à débat, laissant son héritage entaché de controverses et de questions non résolues.

Jean Marc Digbeu